Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
P o i s o n e d* [Begin the poisoning]
23 avril 2007

Marie-Antoinette prend un vent de fraîcheur

Untitled_1

Réalisé par: Sofia Coppola
Mettant en vedette: Kirsten Dunst, Jason Schwartzman
Durée: 123 minutes
Pays: Japon/France/USA
Langue: Français/Anglais

Cette troisième production complètement écrite par Sofia Coppola a souffert de l'incompréhension du public et c'est bien dommage pour eux. La jeune demoiselle qui nous avait offert Virgin Suicide et Lost In Translation nous offre sont oeuvre la plus ambitieuse sur cette Autrichienne archiduchesse (incarnée par Kirsten Dunst) devenu Reine de France malgré elle, passant à l'histoire comme étant une vilaine de la Monarchie. Le but de ce film n'étant pas de nous offrir une biographie d'époque sur cette Reine — déstabilisant du coup la majorité de l'audience — est le détail qui a réussi à me séduire. Coppola nous propose de jeter un coup d'oeil à travers sa vision personnelle et imaginative sur la vie non pas d'une Reine, mais d'une adolescente en crise et en quête d'elle-même. C'est donc avec l'oeil d'une culture populaire que Sofia nous raconte la vie de Marie-Antoinette tout en ré imaginant la cour de Versailles.

Tout ce qu'on a fait est basé sur des recherches, mais vu de manière contemporaine. Ma plus grande peur était de faire un film “Chef d'oeuvre du cinéma”. Je ne voulais pas faire un film historique fade avec ces clichés froids et distants de cette époque. C'était très important pour moi de raconter l'histoire à ma manière. De la même manière que vous sentez avoir passé quelques heures à Tokyo avec mon film Lost In Translation, je voulais que l'audience ressente ce que ça pouvait être d'être à Versailles durant cette époque et de vraiment se perdre dans ce monde. - Sofia Coppola

Marie-Antoinette confronte donc l'image qu'on a de cette Reine vivant dans la luxure qui aurait dit la phrase historique : « S'ils n'ont pas de pain, qu'on leur donne des brioches » pendant que le peuple Français crevait de faim. Le peuple s'est révolté et l'a condamné à mort pour son indifférence et son mépris persistant. Toutefois, des recherches récentes démontrent que ce que nous connaissions sur cette vilaine Autrichienne était en fait basé sur des mythes et des légendes — elle n'aurait donc jamais prononcé cette phrase qui l'a rendu célèbre. Grâce au livre Marie-Antoinette : The Journey d'Antonia Fraser, Sofia a donc pu nous présenter ici une Marie-Antoinette beaucoup plus humaine qu'on n'aurait pu le croire : naïve, adolescente en quête d'elle-même, très peu préparée à prendre part en tant que figure importante dans l'histoire turbulente de la fin d'époque du 18è siècle. Emprisonnée dans un mariage impartial et forcée de vivre sous l'oeil critique du public, Marie-Antoinette a trouvé son évasion dans leur seul refuge lui étant permis d'accès : les plaisirs sensuels de la jeunesse. Mais sa frivolité l'a inconsciemment rendu objet de scandales, une cible pour la propagande politique et un mouton noir commode pour le peuple appauvri sur le bord d'une révolution. À la toute fin, elle a fait face à ses ennemis et a accepté son destin avec dignité et courage.
Le livre d'Antonia Fraser, qui démontre plusieurs recherches méticuleuses, nous révèle non pas une Reine impérieuse inconsciente de la souffrance, mais plutôt une adolescente fantaisiste et vivante qui était chaleureuse et sympathique de nature pas préparée ni aux demandes de sa vie de Reine de France dans la cour de Versailles, ni aux intrigues politiques.

Tout en regardant le film, j'ai bien ressenti cette facette cachée de Marie-Antoinette. Pendant longtemps elle n'a pas été capable de donner à la France un Dauphin, elle a donc subi les critiques et les pressions de toute la cour de Versailles — même de sa propre mère! Pour une adolescente, le coup est dur à accusé surtout si notre mari ne nous fait ni preuves d'affection et d'amour. Je trouve qu'elle a agit comme n'importe qu'elle autre femme malheureuse d'aujourd'hui se retrouvant dans un mariage vide de passion en se distrayant avec le magasinage et les soirées mondaines. Et le magasinage, on en voit beaucoup dans le film! Les costumes sont exquis, tout pleins de couleurs pastels et d'innocence et l'ont remarque que Marie-Antoinette a donc eu un certain rôle sur la mode à cette époque, spécialement lorsqu'elle demande de se faire faire des robes plus légères pour ses escapades dans le Petit Trianon. On ressent aussi le vide de sa vie puisqu'elle n'est pas vraiment en droit de prendre des décisions politiques et que de toute manière, selon des preuves historiques, elle dit n'avoir jamais eu beaucoup d'intelligence politique pour le faire. On tombe donc dans une compréhension des tourments d'adolescente prise dans un monde d'adulte et la bande sonore du film vient ajouter son grain de sel contemporain que recherchait tant Sofia Coppola. Plusieurs personnes ont rechigné sur la musique et pourtant je trouve que même si les chansons n'étaient pas toutes excellentes, elle donne du relief à Marie-Antoinette et une authenticité qui ne trahit pas les intentions de la productrice!

Par contre, le film souffre bien de quelques failles notamment le manque cohérence dans le temps. Ce que je veux dire par là c'est qu'on est pas conscient du temps qui se déroule entre tels et tels événements ce qui fait qu'à la toute fin, on est un peu perdus et on se dit que tout ça s'est terminé bien rapidement pour cette jeune fille. J'aurais aimé avoir quelques traces des années qui passent au lieu de me dire : « Bon, ça doit faire quelques années là, sa fille vient de naître ». J'ai eu aussi l'impression qu'on a passé par dessus des événements historiques qui auraient pu être accessoirement utiles pour l'audience qui a majoritairement été vu par des jeunes adolescents.

Cela dit, il ne faut pas s'attendre à un résumé de la vie historique de Marie-Antoinette, mais plutôt un regard vers une personne qui a été et restera prise des bobards racontés par les mauvaises langues de son époque. La preuve est que quelque 200 ans plus tard, nous débattons encore à son sujet! À votre discrétion de déterminer si Marie-Antoinette était une vilaine traitresse ou une jeune dame qui ne voulait rien savoir d'être Reine.


4star

Publicité
Commentaires
Publicité